Frantzcia Denis est originaire de la commune de Coteaux (Sud) particulièrement de la section communale “Despas”. Elle a grandi et fait ses études à Port-au-Prince. Pour l’instant, elle complète des études en Sciences économiques à la Faculté de Droit et des Sciences Économiques de l’Université d’État d’Haïti(UEH). Par ailleurs, elle fait office de vice-présidente de développement et croissance à la Jeune chambre internationale de Delmas (JCI Delmas Haiti). Frantzcia est responsable des activités au sein de la commission régulatrice de La Voix des Femmes, et membre de l’association Leaders De Demain. Pas que tout cela, elle est également volontaire pour le réseau Gwoup Konbit.

  • “Je suis particulièrement intéressée aux activités axées sur le développement du leadership (des femmes surtout), le développement personnel et le développement communautaire”, répond-elle fièrement.
  • “Pour moi, l’engagement communautaire est une sorte de retour à la société. Étant une personne qui a effectué l’intégralité de son parcours académique dans des institutions publiques à savoir école nationale, lycée et université d’État, j’ai le sentiment que je me dois de m’engager dans des causes utiles à ma communauté de façon à rembourser et garantir un mieux être à ces gens qui ont, aux sueurs de leurs fronts, payé des taxes permettant à ces institutions publiques d’exister et qui ont permis à de nombreux jeunes de bénéficier du pain de l’éducation” détaille rondement la native de Coteaux.
  • “Le bénévolat selon moi est le don de soi. C’est pour moi plus qu’une simple activité effectuée en temps libre, mais c’est nous engager réellement pour une cause dans laquelle nous avons une ferme conviction de contribuer au bien-être des autres et de notre communauté, une cause en accord avec nos valeurs personnelles tout en essayant de devenir la meilleure version de nous-mêmes”, croit-elle.
  • “Ma plus grande satisfaction est ce sentiment d’être utile à ma communauté ressenti après chaque activité comme bénévole soit de Konbit San Pou San ou de Konbit Soup Joumou permettant de sauver des vies et d’apporter un sourire aux lèvres des autres”, assure-t-elle. Avant d’ajouter : “C’est aussi le fait de voir mon engagement susciter d’autres jeunes femmes à s’investir dans des choses plus positives et vouloir se démarquer”.

Selon vous, vivant dans un monde complètement tourné vers le capitalisme, en quoi est-ce que le bénévolat peut aider un jeune haïtien ?

  • “Le bénévolat, selon moi, a deux grandes facettes : une positive et une négative”, lance l’excellente jaycee, d’entrée de jeu.

En guise de précision, Frantzcia pense qu’on vend beaucoup plus le côté(négatif) qui est vu sous un angle d’exploitation, car cela ne permet pas de gagner de l’argent. Cependant, voulant regarder le verre à moitié rempli, l’étudiante en Sciences économiques croit que, à travers le bénévolat, un jeune haïtien a plus à gagner, notamment en terme d’expérience

“On vit dans un pays où la majorité des employeurs exige au moins 2 à 3 ans d’expérience de travail pour occuper un poste dans un domaine quelconque. Durant les études universitaires, rares sont les étudiants à pouvoir bénéficier d’un stage dans une institution publique ou privée. Par contre, faire du bénévolat offre cette possibilité. À travers le bénévolat, un jeune peut gagner en terme d’expérience de travail, emmagasiner de nouvelles compétences et acquis pouvant lui être utiles dans son parcours professionnel”, détaille-t-elle en guise de justifications.

Mademoiselle Denis, quelles sont les limites du bénévolat ?

“Il ne faut pas faire du bénévolat une activité à plein temps. S’engager pour une cause c’est bien, mais il faut établir une certaine limite et également s’assurer que la structure dans laquelle on s’engage est fiable et sincère dans sa démarche”, conseille-t-elle.

Le bénévolat et l’engagement communautaire, deux outils d’ascension sociale, qu’en dites-vous ?

“À cette question, je réponds oui et non. Effectivement s’engager et prendre part activement dans des initiatives communautaires entraînent une sorte de popularité pour certains et peuvent les amener à bénéficier de diverses opportunités,, mais ces deux choses à elles seules ne peuvent garantir une ascension sociale. Car, au delà du bénévolat et de l’engagement communautaire, il faut un travail continu sur soi et être honnête et authentique dans ce qu’on fait”, avance la dévouée tête de la JCI.

À quel âge un jeune devrait-il s’absentenir du bénévolat ?

  • “Selon moi, il n’y a pas d’âge exact pour commencer ou s’abstenir du bénévolat. Je pense que cela dépend uniquement de nous, de nos aspirations et convictions personnelles. Assurez-vous simplement que votre bien-être sera la priorité”, martèle-t-elle avec assurance.

Donnez-nous deux raisons fondamentales pour lesquelles un jeune devrait s’impliquer dans le développement de sa, communauté :

  • “Premièrement, participer à la construction du monde dont nous rêvons, un monde sans discriminations et inégalités. Un monde où les besoins primaires (nourriture, santé, éducation, logement) de la population sont pris en compte afin de garantir un meilleur demain à la prochaine génération.
  • Secondement, faire que notre passage sur cette terre ne soit pas que pour satisfaire notre égo mais qu’il soit significatif dans la vie des autres”, avance Frantzcia.

Mademoiselle Denis, comment faites-vous pour garder allumée votre torche de motivation et de positivité malgré la situation alarmante du pays ?

“Récemment je me suis accaparée d’une formule «kontwole sa ou kapab kontwole » et depuis, je l’utilise au quotidien. De ce qui est négatif, du désespoir et autres problèmes du pays, je pense qu’il y a déjà assez de gens qui en parlent. Lorsqu’on est entourés de ténèbres, c’est de la lumière dont on a besoin. J’ai donc fait le choix d’être une porteuse de joie, d’énergie positive et d’espoir. Et ce n’est pas parce que la situation ne m’affecte pas”, partage-t-elle en guise pilule mentale.

Un message pour la jeunesse haitienne en proie à la réalité socio-politico-économique exécrable du pays :

Frantzcia invite les jeunes à ne pas se limiter. Haiti ne fonctionne pas en vase clos. Nous avons la nécessité de continuer au jour le jour à nous former. Au milieu de ces tumultes, des portes vont s’ouvrir, pour y pénétrer, il faut être préparé. Dans cette perspective, l’engagement communautaire et le bénévolat(à juste mesure) sont fondamentaux. L’essentiel est de ne pas rester les bras croisés dans un monde où tout est tourné vers l’action.

“Continuez à vous surpasser, à devenir meilleur que vous l’étiez hier. Considérez chaque échec comme une possibilité d’apprentissage. Soyez donc ouvert au monde et prêt à apprendre des autres”, conclut-elle ingénieusement.

Chrismann Jean-Jacques TOUSSAINT / MAGAZINEWS